INTERVIEW – Francis Chouquet

Salut à tous, aujourd’hui c’est avec grand plaisir que je vous partager l’interview avec Francis et ça me tenait vraiment à coeur. J’espère que vous prendrez du plaisir à en apprendre plus sur cet artiste complet au parcours long comme le bras. 🙂

LDL : Salut Francis, tout d’abord peux-tu commencer par les traditionnelles présentations pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Francis Chouquet et je suis graphiste depuis 2004. J’ai commencé par le web design, en travaillant notamment sur WordPress, le CMS anciennement moteur de blogs, pour lequel j’ai fait beaucoup de projets clients, des tutos et même écrit un livre. En 2010, j’ai décidé de lâcher un peu cette partie technique, tout en continuant de bosser pour quelques clients et je me suis concentré sur le web design avec un intérêt prononcé pour la typographie. Je me suis rapidement pris d’amour pour le lettrage et je m’y suis mis progressivement jusqu’à décider de ne faire plus que ça l’année dernière.

 

LDL : Quels sont tes passions en 2016 ?

Les lettres, les lettres et encore les lettres ! 🙂

Plus sérieusement, je suis passionné par la typographie d’une manière générale et donc j’adore travailler les lettres, que ce soit individuellement ou entre elles à travers les mots ou les phrases. C’est véritablement une passion et en 2016, je veux essayer de les travailler de manière différente. Je bosse déjà sur des projets de logos pour une clientèle relativement variée. Mais je ne veux pas faire que ça. J’ai aussi envie de faire plus de choses artisanales, comme proposer des travaux issus d’un travail manuel comme la linogravure ou la sérigraphie. Travailler la lettre tout en revenant à des formes d’impressions plus traditionnelles. Et ainsi proposer des cartes, affiches, t-shirts et autres produits. Je bosse actuellement sur une esperluette en bois en collaboration avec un collègue menuisier ( cf photo ) et je prépare deux affiches et quelques cartes pour différentes occasions, comme j’ai pu le faire en ce début d’année sur une carte de voeux gravée sur du linoléum ( cf photo ). D’ailleurs, les affiches vont sûrement être tirées de travaux faits main sur toile, avec acrylique et pastels gras.

Donc, pour 2016, ce sera continuer de progresser dans mon travail, continuer d’apprendre, toujours et encore, et donner vie à ces lettrages de différentes manières, mais le plus souvent possible de manière artisanale et artistique.

 

esperluette

 

LDL : Comment en es-tu arrivé au lettering ?

Via le graphisme. La typographie y a une place importante. Et le besoin de retourner à quelque chose de plus manuel comme le dessin de caractères a joué un rôle important dans ma transition. J’ai beaucoup dessiné quand j’étais enfant et avec l’ère de l’informatique, j’ai oublié tout ça. Et la typographie m’a permis de me remettre au dessin et donc au lettering.

 

LDL : Quels sont les artistes qui t’ont fait aimé cette discipline ?

Difficile question, il y en a pas mal et dans des styles différents. Et ceux que j’ai aimé au début ne sont pas forcément ceux que je suis le plus aujourd’hui. Mais parmi ceux qui m’ont le plus inspiré au départ, je dirais Luca Barcellona, Doyald Young dans un style totalement différent, Drew Melton, Jessica Hische, Jon Contino, Martina Flor, sans oublier celui que j’admire le plus et que j’ai eu la chance de rencontrer en 2015, Ken Barber. Après, il y en a beaucoup d’autres, que je suis sur Instagram principalement et qui déchirent tout. Mais d’une manière générale, j’apprécie particulièrement ceux qui font souffrir les lettres et qui vont chercher parfois dans des styles vintage pour créer un lettrage contemporain. C’est notamment le cas de Neil Secretario et de Mark Caneso. Ces types sont juste dingues.

 

LDL : Je sais que tu es beaucoup sollicité en ce moment, qu’est-ce que tu nous prépares en 2016 ?

Je continue mes explorations et j’ai prévu d’ouvrir un petit shop j’espère au printemps.

Sinon, je propose des ateliers/workshops d’une journée pour permettre à chacun de bien apprendre les bases du lettering. Il y a déjà 3 dates de planifiées, pour Lyon, Paris et Strasbourg, il reste encore quelques places et il y a même une réduction de 20€ pour les lecteurs de la LDL. Le code est LDL20.

Il y aura sûrement pas mal d’autres choses, je vais continuer les projets clients, mais entre ça, les projets persos, un shop et des ateliers, je vais être déjà bien occupé 😀

 

LDL : Quels types de projets te font le plus vibrer ?

Ca dépend des moments. J’aime beaucoup alterner les projets clients et les projets persos. Parfois j’adore passer du temps sur une vectorisation et peaufiner les courbes d’un logo, alors qu’à d’autres moments, je vais avoir envie de rester loin de l’écran et faire un lettrage en linogravure pour l’imprimer manuellement ensuite. Je crois que c’est toutes ces possibilités que le lettrage nous offre qui me fait le plus vibrer 😉 En ce moment, j’adore bosser sur des plus grandes surfaces. Le crayonné sur un lettrage qui fait un mètre de large minimum est tellement différent que sur une feuille A4. L’utilisation de la peinture et des pastels ma fait bien vibrer aussi en ce moment. Ce contact avec les couleurs et les pigments, le tout sur un lettrage, c’est juste génial.

 

LDL : Peux-tu nous conseiller l’achat d’un livre pour bien débuter ?

J’ai écrit un article sur le sujet il y a quelques mois (voir l’article). La plupart sont spécialisés dans le brush lettering ou la calligraphie, donc je conseillerais peut-être plus le livre de Jessica Hische qui est plus focalisé sur le dessin et où elle explique son process. Elle est très talentueuse et maîtrise Illustrator comme personne !

 

LDL : Qu’est-ce qui t’inspire dans tes créations ?

J’aime travailler les lettres, les triturer, tout en essayant de garder au mieux la lisibilité. La recherche et l’exploration sont primordiales pour moi. Donc, mon inspiration va souvent se trouver dans des vieux styles typographiques que l’on retrouve sur des vieux packagings ou des enseignes par exemple. Et ça peut être aussi bien des styles “art déco” que “funky” des années 70. Explorer différents styles permet de mieux trouver sa voie, sa “patte”.

patchwork

 

LDL : Tu fais partis des gros acteurs de la scène française, pourquoi une telle implication ?

Je n’en sais trop rien à vrai dire. Je crois que j’aime juste partager tout ce que je découvre et le fait d’avoir une certaine visibilité aide sûrement aussi. Je l’ai fait quand je faisais du WordPress, idem quand je faisais du Web Design, donc pourquoi pas continuer avec le lettrage 🙂 Je n’ai pas forcément l’impression d’être très impliqué, je fais en fonction de mon temps libre et je me focalise principalement sur mes travaux et le groupe Facebook “Je me mets au lettering”. Ce groupe est très important pour moi parce qu’il permet d’avoir en un seul lieu plus de 3700 personnes passionnées par le lettrage, qui partagent leurs travaux et conseillent les débutants. Je suis vraiment ravi de l’ampleur qu’a pris ce groupe.

 

LDL : Tu as fais des workshops avec de grosses pointures, tu peux nous en dire plus ?

J’ai toujours adoré faire des workshops parce que c’est un contact direct avec une personne qui peut t’aider à progresser. Je trouve qu’on avance nettement plus vite avec une ou plusieurs journées avec un lettreur ( ou letterer )  qui a plus d’expérience que seul chez soi. Du coup, j’ai fait quelques workshops, différents d’ailleurs, avec Jessica Hische, le sign painter Mike Meyer et mon “all-time favorite letterer” Ken Barber. Dans chacun de ces workshops j’ai appris quelque chose d’important. Le top a été peut-être celui avec Ken qui durait 4 jours à New York, à Cooper Union en plus, et qui m’a fortement aidé à me perfectionner et à faire évoluer mon style.

 

LDL : Ta plus belle rencontre ?

Bah je dirais Ken Barber justement. Ce type fait du lettrage depuis 20 ans, il a une très forte connaissance de la typographie à travers les temps. Il a donc une culture de folie sur le sujet. Et qui plus est, c’est un type génial qui passe son temps à déconner. Il n’y a qu’à aller sur le site de l’agence dans laquelle il travailler, House Industries, pour se rendre compte de son niveau. Il excelle dans le travail même sur les lettres. C’est vraiment un mentor pour moi, même si je ne suis pas fou de ce terme. Il a influencé pas mal de nouvelles pointures comme Drew Melton, Neil Secretario, dont j’ai parlé plus haut, ou encore Bob Ewing. Tyrsa est même allé faire un workshop chez lui il y a quelques semaines.

On est restés en contact pour essayer de le faire venir en Europe faire un ou plusieurs workshops, mais rien de précis pour l’instant.

 

LDL : Si tu avais un conseil à donner à un débutant, lequel serait-il ?

De pratiquer et d’essayer de comprendre comment sont formées les lettres. Et les travailler, retravailler, essayer différents styles pour faire évoluer ses propres lettrages. Aussi sortir des tendances et aller explorer tout ce que l’histoire du lettrage a à nous offrir.

 

LDL : Et à un confirmé ?

Peut-être de partager un max leur process pour permettre aux débutants de comprendre comment ils travaillent ? Je crois que pas mal de personnes qui commencent le lettrage ne voient que le résultat final. Ils pensent qu’ils n’atteindront jamais ce niveau. Mais ils oublient souvent qu’avant d’en arriver à des résultats de folie, il y a eu des dizaines de croquis, pas forcément top, et que le type a du bosser et rebosser un bon nombre de fois chacune des lettres. Le résultat final n’est pas tombé comme ça du ciel. Donc, oui, si chacun pouvait partager un peu plus son process, ça serait cool pour tout le monde 😉

 

LDL : Ton outil de prédilection ?

Le crayon. Je fais pas mal de brush aussi, mais je trouve l’outil plus limité. Cela dit, l’un comme l’autre me permettre d’explorer pas mal de choses. Ils sont très complémentaires 🙂

 

LDL : Celui que tu rêverai d’avoir ?

Je n’attache pas plus d’importance que ça aux outils. J’essaie justement de ne pas être un “tooler” mais plutôt un “maker”. Je trouve parfois que les débutants se focalisent un peu trop sur l’outil parfait qui les fera progresser, alors que bien souvent avec un bon crayon, on peut faire énormément de choses. Certains l’ont bien démontré en faisant de super lettrages avec des Crayola pour enfants.

 

LDL : Un petit mot à propos de la ligue du lettrage (sois franc on ne t’en tiendra pas rigueur) ? ^^

J’adore le projet. On a tellement besoin de ressources en français et de tutos d’accompagnement. Il y a vraiment un public pour tout ça et donc un grand merci pour partager tous ces articles avec la communauté.

 

LDL : Si on veut en apprendre plus sur toi, c’est par où que ça se passe ?

Je crois que le plus simple est mon compte Instagram. J’y poste tous mes projets, mes explorations, mes croquis. Je trouve nettement plus passionnant qu’un portfolio. Cela dit, je bosse à mettre le mien à jour et à partager un peu plus sur Behance et Dribbble.

 

LDL : Merci Francis pour le temps que tu nous a accordé en espérant que tu auras pris du plaisir à répondre à ces quelques questions autant que nous à te lire.

Bonne continuation et à bientôt

Pour conclure ; vous le voyez, devenir “lettreur” amateur ou professionnel ne se fait pas en 5 minutes, une grande pratique beaucoup de temps et de patience vous feront progresser. Pensez bien à ne pas brûler les étapes et surtout faites vous plaisir, je crois que c’est le plus important.

 

LDL : Un dernier mot ?

Pratiquez, pratiquez et pratiquez. Explorer différents styles pour ne pas rester bloqué sur un seul. Créez votre propre culture typographique qui vous aidera à progresser et à proposer des travaux uniques.

Merci Renaud pour cette entrevue et bonne continuation avec la LDL.

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A propos de l'auteur

Renaud Destermes

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